Réfléchir.
Écrire assis devant des photos.
La mienne et celle de mon épouse.
Celles des fils, des épouses, et des enfants.
Nos petits-enfants.
À ma droite, une
fenêtre.
Elle donne sur le jardin, et sur des maisons voisines.
C’est l’hiver.
La pluie me remplace et remplace mon épouse pour arroser.
J’aime servir à boire aux plantes lorsqu’il fait chaud et
qu’elles ont soif.
Si Allaah veut,[1] je le
ferai un jour avec nos petits enfants.
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Nous habitions une maison de
fonction avec ce magnifique jardin.
Dans mes souvenirs, il est plus que cela.
Des fleurs de toutes les couleurs partout.
Des orangers, des citronniers, des bananiers, des arbres
dont je ne connais même pas le nom, des plantations diverses, variées.
Un enchantement.
Et la musique de l’eau qui coule.
Allaah a fait de l’eau toute chose vivante.[6]
Le jardin disposait d’un système d’irrigation fait de
« saagyaate ».[7]
La terre accueillait cette eau avec bonheur et j’étais
heureux de tenir compagnie aux plantes qui se désaltéraient avec joie.
Une bénédiction.
C’était le début du Maroc de
« l’indépendance dans l’interdépendance ».[8]
Mon père avait été nommé à un
poste « important » et nous habitions alors cette maison de fonction
avec le magnifique jardin.
Avant nous, la maison était
occupée par une famille de colonialistes de France.
La France, pays où je suis
installé dans une demeure avec un bout de jardin.
La mémoire peut garder, par delà le
temps et l’espace, ce qui ne s’efface pas, ce qui revient, ce qui ressurgit par
la miséricorde d’Allaah.
Lorsque
j’arrose, je sens le bonheur de la terre accueillant l’eau.
Et je suis heureux de partager la
joie des plantes qui se désaltèrent.
Il m’est arrivé d’arroser mes
deux fils, enfants, qui en redemandaient.
J’espère pouvoir le faire avec nos
petits-enfants.
En quittant le Maroc pour entamer
des études universitaires en France, je ne pensais pas épouser une fille d’un
père originaire d’Italie, et d’une mère originaire du Sud de la France, pays où
je suis installé avec cette épouse, nos fils, et nos petits-enfants.
Alhamdo lillaah.[9]
Où que nous soyons, nous sommes à
Allaah et à Lui nous retournons.[10]
Il arrivait à Mohammad, l’ultime
Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix, pendant qu’il priait,
de rester en prosternation, le temps qu’il faut à ses petits-enfants de finir
de jouer au cheval sur son dos.
J’invoque Allaah pour qu’Il nous
accorde, à mon épouse, à moi, et à d’autres, ce bonheur en permettant un jour à
nos petits-enfants de jouer sur notre dos pendant que nous sommes en
prosternation dans notre prière.[11]
BOUAZZA
[1] Ine chaa-e Allaah.
[3] Je ne fais que rappeler ce
que j’ai déjà exposé.
Pour certains points, il est bon de rappeler, encore
rappeler, toujours rappeler.
[4] Selon le calendrier dit
grégorien.
[5] Nous
avons presque toujours eu des maisons avec de beaux jardins, mais souvent,
c’est à celui de la maison de
Taroudanete que je pense.
[6]
Alqoraane (Le Coran), sourate 21 (chapitre 21), Alanebiyaa-e, Les Prophètes,
aayate 30 (verset 30).
[7] Swaaguii, swaaqii, pluriel
de saagya, saaqya (qui irrigue, rigole).
[8] ″L’indépendance dans
l’interdépendance″ a été
octroyée au Maroc par le colonialisme français en 1956.
J’avais six ans.
Dans les colonies (même si
les colonialistes parlaient de protectorat pour le Maroc), ce statut s’est
traduit par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés
avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des
ordres des métropoles et autres employeurs impérialo-sionistes.
Ces "États", dont
ceux dits ″musulmans″ comme le Maroc, sont fondés sur
l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice,
la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression,
l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de
l’être humain.
[9] La louange est à Allaah.
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