Depuis des années, il est relégué dans un foyer pour « immigrés »
au Nord de la France.
Des « immigrés »
arrachés aux territoires colonisés, transplantés par le colonialisme et ses employés
mis en place par la suite dans le cadre de ce qui a été appelé
« l’indépendance dans l’interdépendance »,[1] et
transformés en esclaves « des temps modernes ».
C’est ainsi que Baabaa Khliifa
s’est trouvé mineur dans le Nord de la France,[2] après
avoir servi contre les soldats de l’armée allemande.
Lorsque l’Allemagne a occupé la France durant ce qui a été appelé la
deuxième guerre mondiale, le colonialisme français occupait des territoires en
Afrique, en Asie et ailleurs.
Originaire d’Afrique du Nord, Baabaa Khliifa a été enrôlé comme soldat
indigène[3] et
envoyé contre l’armée germanique.
Il vivait au Mghrib,[4] où la
France parlait de « protectorat », puisqu’il s’agissait de protéger
le sultan[5]
contre les populations du pays.
Face aux soldats allemands, Baabaa Khliifa n’a pas été exterminé.
Après « la libération », il a été envoyé aux mines du Nord.
Il se remémore et raconte.[6]
De temps à autre, des étudiants et autres jeunes issus du processus
migratoire,[7] qui le connaissent depuis
un certain temps et lui témoignent de l’affection, l’accueillent pour partager
un repas, du thé à la menthe et échanger un peu, toujours sur le même thème :
- J’étais dans une compagnie[8]militaire
destinée à l’extermination.
Nous sommes tombés dans une embuscade allemande.
Je ne trouve toujours pas les mots pour décrire ce que j’ai vécu.
Ils ne sont pas arrivés à m’éliminer.
Ils ont tout essayé.
À un moment,
j’ai entendu le bruit d’un avion.
Je l’entends et je le vois encore.
Dans cet avion, un mégaphone à la main, Hitler m’interpelle :
- Rends-toi Baabaa Khliifa, tu n’as pas d’autre choix.
- Jamais tu n’obtiendras ma reddition.
-Attends Baabaa Khliifa, demande un jeune qui a l’habitude de
l’interrompre à ce moment du récit et de lui poser toujours la même question, est-ce
qu’Hitler t’a interpellé en arabe ?
La réponse de Baabaa Khliifa ne varie pas :
-Voilà pourquoi je n’aime pas raconter à lqaryiine,[9] ils
ont toujours à redire.
Et tout le monde rit de bon cœur.
Le soir, dans la chambre du foyer où il retrouve d’autres personnes, il
répète souvent :
- Jamais tu n’obtiendras ma reddition.[10]
BOUAZZA
[1]
Statut octroyé par le colonialisme qui s’est traduit dans les colonies par la
multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins
de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des
métropoles.
[2] Beaucoup,
par centaines de milliers seront transplantés par la suite et installés partout
où ″la révolution industrielle″ avait besoin d’esclaves.
[3] Ainsi
que des centaines de milliers d’autres, de toutes les colonies, y compris
pendant la première guerre dite mondiale en 1914-1918 : de la chair à
canon.
[5] Par
la suite, le sultanat a été transformé par le colonialisme français en
monarchie héréditaire, dite de "droit divin", où le sultan est devenu
roi.
Ce régime installé pour
servir le colonialo-impérialo-sionisme, est un régime de l’imposture, de la
trahison, de la tromperie, de l’injustice, de la perversion, de la débauche, du
mensonge, du pillage, de la tyrannie, du crime, de la torture, et autres, comme
les régimes des pays dits ″arabo-musulmans″.
[6] La
France colonialiste a connu cinq ans d’occupation par l’Allemagne pendant la
deuxième guerre dite mondiale, 1940-1945 selon le calendrier dit grégorien.
Une énorme importance
continue d’être accordée à cette période au nom de ce qui est appelé "le
devoir de mémoire″, entretenu par un flot constant de publications, de films,
d’images, de conférences, de discours, de cérémonies, de célébrations, de
commémorations, d’hommages, de décorations et autres.
Mais lorsque des personnes
des pays qui ont connu le colonialisme et ses horreurs pendant des dizaines et
des dizaines d’années veulent parler de ces horreurs, la France qui poursuit
les horreurs colonialo-impérialo-sionistes leur impose le silence avec orgueil,
arrogance, et mépris en leur demandant de "tourner la page" et même
d’être reconnaissants pour l’apport "civilisationnel" du
colonialo-impérialo-sionisme "qui continue de veiller sur les valeurs de
l’humanité" !
Et pendant que la France
fêtait ″la libération″, après l’utilisation des
populations colonisées par centaines de milliers comme chair à canon, de leurs
biens, et de leurs territoires, le colonialisme français continuait
l’asservissement, l’oppression, les massacres et autres horreurs dans les
colonies.
Les criminels du
colonialisme, de l’impérialo-sionisme et leurs collaborateurs ont été
récompensés, sont récompensés.
[7]
Français depuis belle lurette pour la plupart, ils sont toujours traités de
sales étrangers, méprisés, insultés, humiliés, et autres.
Souvent dans des cités des
banlieues où sont parquées des populations issues du processus migratoire, considérées
comme des merdes.
Des
cités regardées par la classe dite politique, toutes tendances confondues,
comme des lieux de perdition, des repaires d’agresseurs, de casseurs, de
voleurs, de drogués, de trafiquants, de violeurs et de sauvageons.
Dans les pays d’origine de
ces personnes issues du processus migratoire, les "États" mis en place pour servir
l’impérialo-sionisme, sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la
tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge,
le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture,
l’enfermement, la négation de l’être humain.
[8] Cbbaniaa.
[9] Ceux
qui ont fait des études, ici dans le sens de ″ceux
qui croient tout savoir″, ″les bien-pensants″, ″ceux
qui se la pètent″.
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