J’ai entendu parler, lorsque
j’étais enfant, de l’importance « d’enlever le sang », « hiyyed
ddmme », pour éloigner la maladie.
« Hjjme ».[1]
Il s’agissait, d’après ce que
j’ai retenu, de retirer du sang de l’organisme, à l’aide de deux sortes d’objets
en cuivre, ayant la forme de cornes fines, pas très longues.
La personne chargée d’effectuer
ce travail, procédait à des incisions derrière la tête, près de la nuque, et
plaçait les objets pour récupérer le sang.[2]
Je pense même avoir assisté à
cette opération dans un souq.[3]
C’était sous une tente[4] près
de laquelle des ânes ou des mulets, pleins de patience, attendaient
tranquillement.
La personne venue pour
« enlever le sang » s’asseyait sur une natte à même le sol.
Le « soigneur », accroupi
derrière, réalisait son intervention.
Dans les allées du souq,
poussiéreuses l’été, boueuses l’hiver, chacun vaquait à ses occupations et la
personne qui se faisait « enlever du sang », ne tardait pas à se
mêler à la foule.
Au souq, j’appréciais l’espace
réservé aux tapis et celui des animaux.
Le temps est passé.
Les années se sont écoulées.
Des saisons ont succédé aux
saisons.
Je suis aujourd’hui grand-père
par la grâce d’Allaah, installé en France avec mon épouse, nos deux enfants,
leurs épouses et nos deux petits-enfants.
Et je viens de lire un livre sur
« alhijaama ».[5]
Un travail effectué par un
médecin généraliste à Paris,[6]
membre de l’International Cupping Therapy Society,[7]administrateur
du site web d’information médicale « MuslimSanté ».
En quatrième de couverture, il
est précisé que « la préservation de la santé est une obligation morale
mais aussi religieuse, en effet, le Prophète[8] a
dit : ″Serviteurs
d’Allah,[9] soignez-vous mais ne
vous soignez pas avec l’illicite″.
Il incombe ainsi à tout musulman[10] et
musulmane[11] de recourir à tous les
moyens licites permettant de préserver sa « bonne santé ».
L’ouvrage se veut une
présentation détaillée d’une alternative thérapeutique exemplaire rapportée
d’une part dans la tradition prophétique du Prophète Muhammad,[12]
corroborée, d’autre part, par la science expérimentale antique et
moderne : Al-Hijâma[13] ou Cupping therapy.
La hijama a été décrite dans de
nombreux ouvrages, à la fois religieux et scientifiques, mais au fil du temps,
un certain nombre d’informations ont été attribuées à tort à la hijama.
Le but de l’ouvrage est donc de
proposer une approche plus rigoureuse, sur le plan religieux et scientifique,
et plus méthodique.
Il s’agit donc d’un tahqîq,[14]
c'est-à-dire d’une réactualisation des connaissances sur cette pratique
exemplaire ».[15]
Beaucoup de professionnels de la
santé sont opposés aux « alternatives thérapeutiques », aux
« médecines complémentaires », aux « médecines douces » et
« autres ».
Ils rejettent par conséquent
« alhijaama »,[16]
comme thérapeutique.
Des médecins se réclamant de
l’Islaam la rejettent aussi et ne reconnaissent pas ses bienfaits soulignés
dans plusieurs « hadiite »[17] de
l’ultime Prophète et Messager[18] sur
lui la bénédiction et la paix.
La « hijama » est une
technique thérapeutique pratiquée un peu partout, depuis très longtemps.
Elle a suscité et continue de
susciter l’intérêt auprès des professionnels de la santé.
« La cupping therapy
(Al-Hijâma) est une très ancienne technique naturelle de soin, pratiquée
par toutes les principales civilisations, comme la civilisation égyptienne et
la civilisation chinoise. La hijama ou cupping était aussi pratiquée dans le reste du monde,
c’est ainsi qu’Hippocrate, père de la médecine occidentale, pratiquait la hijama
et en recommandait l’usage pour un certain nombre de maladies. […]
La hijama, dans la théorie
de la médecine chinoise, stimulerait les flux d’énergie appelés Qi, mais
elle stimule aussi la circulation sanguine, réduit la douleur, augmente
l’immunité, élimine les substances intervenant dans les processus
inflammatoires, régule le taux d’hormones. Elle stimule également la libération
de monoxyde d’azote aux multiples intérêts, tel que son interaction avec la
circulation générale et le soulagement des douleurs ».[19]
L’auteur précise que « le terme
hajm désigne une succion », que « ce même terme était utilisé
pour définir la succion du mamelon par le nourrisson » et que « la hijama
correspond ainsi à une thérapeutique faisant intervenir un système de
succion ».[20]
« L’utilisation des
ventouses traditionnelles avec le principe de combustion est une technique très
ancienne. En effet, c’est cette forme de succion qui fût décrite sur le papyrus
d’Ebers (Curtis, 2005) […].
Cependant, d’autres variantes de
cette technique sont apparues avec l’usage de tronçon de bambou en Asie et des
cornes d’animaux en Afrique. Dans ce dernier cas, les cornes étaient perforées
à leur extrémité et c’est par la force des poumons que la succion était
réalisée ».[21]
Les différents modèles de
ventouses jusqu’à nos jours sont décrits, avec les avantages et les
inconvénients relatifs à leurs utilisations.
Les diverses sortes de
« hijama » sont exposées, ainsi que les mécanismes de succion et les
manières de procéder, avec les précautions à prendre, dans la pratique de cette
technique.
L’auteur traite ensuite des bases
et des théories scientifiques de la « hijama » et détaille l’action
épurative et régulatrice, l’action stimulatrice sur le système immunitaire,
l’action analgésique, l’action neurologique et neuro-végétative et l’action
hormonale.
Des situations cliniques et des
pathologies traitées, illustrent l’intérêt de la « hijama ».
En conclusion, l’auteur souligne
l’importance du respect des règles en vigueur dans les divers pays, avant
d’envisager le recours à la pratique de la « hijama », et cite‘Amr[22] Ibn
Chou’ayb,[23] selon lequel l’ultime
Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix a dit :
« Quiconque s’adonne à la
médecine sans en connaître les enseignements, assumera l’entière responsabilité
des conséquences fâcheuses de ses actes ».[24]
BOUAZZA
[1] Terme
de l’arabe parlé (ddarijaa) au Mghrib (Maroc) qui vient de ″hijaama″ (hijama), mot traduit par ″saignée″
et qui est lié à ″hjjaame″, c'est-à-dire celui qui pratique la
″saignée″.
Le mot signifie aussi
coiffeur, barbier qui rasait aussi complètement la tête.
[2]
Retirer du ″mauvais sang″ m’avait-on expliqué, pouvait aider
la personne malade à retrouver la santé.
Il fallait même, par
prévention, ″enlever le sang″ à intervalles réguliers.
[3] Souk,
marché rural qui sert à l’échange de marchandises et où les ruraux cherchent à
se faire soigner par des personnes désignées comme ayant des compétences dans
le domaine de la santé.
[4]
Lkhima, alkhayma.
[5] La
saignée.
[6]
Docteur Aït M’hammed Moloud, La Hijama, Fondements, Techniques, Conseils,
Paris, Éditions Tawba, 2012
[7] ICTS.
[8] Sallaa Allaah ‘alayhi wa
sallame, sur lui la bénédiction et la paix.
[9] Allaah.
[10] Moslime.
[11] Moslima.
[12] Mohammad, l’ultime
Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.
[13] Alhijaama.
[14] Tahqiiq.
[15] C’est une pratique qui
concerne tout le corps et pas seulement la tête comme il en ressort dans mes
souvenirs d’enfance.
[16] La hijama.
[17]
Lorsqu’on parle de hadiite (hadite, hadiithe, hadith), cela renvoie à ce qui a
été rapporté concernant la conduite de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager
sur lui la bénédiction et la paix.
Alqoraane (Le Coran) est la
continuation, la synthèse et le parachèvement du Message d’Allaah.
Mohammad, l’ultime Prophète
et Messager sur lui la bénédiction et la paix, a eu pour Mission de le
transmettre.
Assonna a trait à la
conduite de Mohammad sur lui la bénédiction et la paix.
Alqoraane n’a de sens
qu’avec Assonna et Assonna ne peut exister sans Alqoraane.
Assonna procède
d’Alqoraane.
[18] Un Prophète (Nabiyy), sur lui la bénédiction et la
paix, est quelqu’un qui a reçu d’Allaah la mission de rappeler ce qui a été
précisé auparavant dans le Message d’Allaah.
Un
Messager (Raçoul), qui est aussi Prophète sur lui la bénédiction et la paix,
est quelqu’un qui a reçu d’Allaah la mission de rappeler ce qui a été précisé
auparavant dans le Message d’Allaah, et de transmettre une législation
nouvelle, dans la continuité du Message d’Allaah qui est UN.
C’est le Message de
l’Islaam qui, depuis Aadame (Adam) jusqu’à Mohammad sur eux la bénédiction et la
paix, invite à faire du mieux possible pour Adorer Allaah, comme Allaah le demande.
Dans
un hadiite, Mohammad l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la
paix, indique que le nombre total des Prophètes sur eux la bénédiction et la
paix est de cent vingt quatre mille, et celui des Messagers sur eux la
bénédiction et la paix est de trois cents quinze.
(Hadiite rapporté par Ahmad qu’Allaah le bénisse).
[19] Préface du docteur Tamer
Shaban, p.5.
[20]
Docteur Aït M’hammed Moloud, La Hijama, Fondements, Techniques,
Conseils, Paris, Éditions Tawba, 2012, p. 17.
[21] Docteur Aït M’hammed Moloud, op. Cit., p.37-43.
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