vendredi 28 septembre 2012

« FILS DE LA FOLLE »

À quel moment au juste, j’ai été traité pour la première fois, de « fils de la folle » ?[1]
Je ne sais pas.
Le mariage de ma mère avec mon père ne s’était pas déroulé comme prévu.
Elle a été trompée.
La confiance a été trahie.
Avec le divorce, les cinq enfants, mes sœurs, mon frère et moi, lui avons été arrachés.
Elle est retournée chez ses parents.
Je n’ai pas su à quel moment exactement, elle s’est jetée dans une rivière pour se noyer.
Par la miséricorde d’Allaah, elle a survécu.
Elle a épousé son cousin en deuxièmes noces, et quatre autres enfants, mes sœurs et mon frère, sont nés de ce mariage.
Ma mère a été traitée de folle parce qu’elle a tenté de se noyer.
Elle ne m’a jamais parlé de cela.
Et moi non plus, je ne l’ai jamais fait.
Son existence ici-bas s’est achevée le 28 juin 2008.[2]
Elle avait quatre-vingts ans.
Elle était grand-mère de nombreux petits-enfants.
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Larmes.
Les « larmes sont-elles des perles de la pensée, comme la rosée après une nuit noire : l’ultime de ce qu’un homme a pu ressentir et penser et que sa plume n’a pas pu traduire en mots ? »[3]



BOUAZZA


[1] Ould (wld) lhmqa.
[2] Selon le calendrier dit grégorien.

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