À
quel moment au juste, j’ai été traité pour la première fois, de « fils de
la folle » ?[1]
Je ne sais pas.
Le mariage de ma mère avec mon
père ne s’était pas déroulé comme prévu.
Elle a été trompée.
La confiance a été trahie.
Avec le divorce, les cinq enfants,
mes sœurs, mon frère et moi, lui avons été arrachés.
Elle est retournée chez ses
parents.
Je n’ai pas su à quel moment
exactement, elle s’est jetée dans une rivière pour se noyer.
Par la miséricorde d’Allaah, elle
a survécu.
Elle a épousé son cousin en
deuxièmes noces, et quatre autres enfants, mes sœurs et mon frère, sont nés de ce
mariage.
Ma mère a été traitée de folle
parce qu’elle a tenté de se noyer.
Elle ne m’a jamais parlé de cela.
Et moi non plus, je ne l’ai jamais
fait.
Son existence ici-bas s’est
achevée le 28 juin 2008.[2]
Elle avait quatre-vingts ans.
Elle était grand-mère de nombreux
petits-enfants.
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Larmes.
Les
« larmes sont-elles des perles de la pensée, comme la rosée après une nuit
noire : l’ultime de ce qu’un homme a pu ressentir et penser et que sa
plume n’a pas pu traduire en mots ? »[3]
BOUAZZA
[1] Ould (wld) lhmqa.
[2] Selon le calendrier dit
grégorien.
[3] Driss Chraïbi, l’Homme
du Livre, Balland-Eddif (Eddif, Maroc, 1994, Balland, France, 1995), p. 85.
Voir :
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