mardi 4 décembre 2012

UNE DEMEURE AVEC L’EAU QUI COULE

J’ai toujours aimé observer l’eau, la toucher, cheminer avec elle, et sentir qu’elle participe à irriguer mes pensées.
En arrosant le bout de jardin de la maison où je suis installé, je redeviens souvent un enfant dans un jardin à Taroudanete,[1] au Maroc.
C’était en 1957-1958,[2] je crois.[3]
Nous habitions une maison de fonction avec un magnifique jardin.
Dans mes souvenirs, il est encore plus que cela.
Des fleurs de toutes les couleurs partout.
Des orangers, des citronniers, des bananiers, des arbres dont je ne connais même pas le nom, des plantations diverses, variées.
Un enchantement.
Et la musique de l’eau qui coule.
Allaah a fait de l’eau toute chose vivante.[4]
Le jardin disposait d’un système d’irrigation fait de « saagyaate ».[5]
La terre accueillait cette eau avec bonheur et j’étais heureux de tenir compagnie aux plantes qui se désaltéraient avec joie.
Une bénédiction.
C’était le début du Maroc de « l’indépendance dans l’interdépendance ».[6]
Mon père avait été nommé à un poste « important » et nous habitions alors cette maison de fonction avec le magnifique jardin.
Avant nous, la maison était occupée par une famille de colonialistes de France.
La France, pays où je suis installé dans la maison avec le bout de jardin.
J’arrose et je sens le bonheur de la terre accueillant l’eau.
Et je suis heureux de partager la joie des plantes qui se désaltèrent.
Il m’a été offert plus d’une fois de suivre des cours d’eau, et d’être transporté par mes observations.
Il n’y a pas très longtemps, pendant une marche, je me suis arrêté pour admirer un canard et son épouse évoluant paisiblement.
Un peu plus loin, une cane regardait ses neuf enfants s’adonnant aux joies de la baignade tout en apprenant à trouver leur nourriture.
Une petite maison avec un bout de terrain le long du cours d’eau, a éveillé en moi, encore une fois, un désir d’y être.[7]
Qu’Allaah m’accorde une demeure avec l’eau qui coule, au firdaws ala’laa.[8]



BOUAZZA


[1] Le r roulé, Taroudant.
[2] Selon le calendrier dit grégorien.
[3] Nous avons presque toujours eu des maisons avec de beaux jardins, mais souvent, c’est  à celui de la maison de Taroudanete que je pense.
J’aime aussi observer les canards par exemple, qui jouissaient de l’eau avec une satisfaction communicative.
Les voir s’ébrouer dans l’eau, me transporte de joie.
[4] Alqoraane (Le Coran), sourate 21 (chapitre 21), Alanebiyaa-e, Les Prophètes, aayate 30 (verset 30).
[5] Swaaguii, swaaqii, pluriel de saagya, saaqya (qui irrigue, rigole).
[6] L’indépendance dans l’interdépendance a été octroyée au Maroc par le colonialisme français en 1956.
J’avais six ans.
Dans les colonies (même si les colonialistes parlaient de protectorat pour le Maroc), ce statut s’est traduit par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces "États", dont ceux dits musulmans, sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
[7] Je ne fais que répéter ce que j’ai déjà exposé plus d’une fois.

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