Paru en 1992, un livre sur des
condamnés au bagne par une tyrannie de toutes les horreurs qui sévit de longue
date au Maroc, rappelle ce que certains ont essayé, essayent, et essayeront de taire :
«Pendant dix-huit ans, des hommes
ont vécu enfermés chacun dans une cellule, sans lumière aucune, ni lampe ni
fenêtre. Dix-huit ans dans l’obscurité. [...]. Chaque homme y était seul, mais
pouvait entendre les autres parler, gémir, agoniser, délirer et mourir. [...].
Pendant dix-huit ans, ces hommes
ont vécu dans des cellules de trois mètres quatre-vingt-dix de long et deux
mètres de large, avec pour seul univers une dalle de ciment en guise de lit,
perchée à soixante-quinze centimètres de hauteur et large d’un mètre, deux
couvertures, une assiette, un broc, un verre, un trou sans eau en guise de
toilettes, des vêtements en loques, pas de chaussures pour la plupart. [...].
Pendant dix-huit ans, ces hommes
n’ont vu âme qui vive en dehors des gardiens – des militaires des forces armées
royales – et, bien entendu, n’ont eu de visite ni d’avocat, ni de médecin, ni
d’infirmier. [...].
Pendant dix-huit ans, ceux qui
ont survécu[1] ont ainsi supporté
l’insupportable [...]».
Vers la fin du livre, parlant
d’un survivant, le livre précise :
«Il récite le Coran[2] tout
le temps ; il ne sait plus bien où il était ni où il est : il est
avec Dieu[3], qui
l’a sauvé, c’est tout».[4]
[1] Dans
ce bagne et dans d’autres mis en place par le régime qui sévit au Maroc
(Mghrib), et par les régimes dits ″arabo-musulmans″ alors qu’ils n’ont rien à voir avec
l’Islaam, des vers se nourrissent des corps de bagnards qui ne sont pas encore
décédés.
[2] Alqoraane.
[3] Allaah.
[4]
Christine Daure-Serfaty, Tazmamart, une
prison de la mort au Maroc, Paris, Stock, 1992.
Voir :
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