mardi 23 octobre 2012

MAISON VOISINE

De la chambre où j’utilise internet, chambre occupée autrefois par le plus jeune de nos deux fils, me parviennent depuis quelques semaines des bruits de travaux dans une maison voisine.
C’était une maison qui avait l’air abandonnée : volets toujours fermés, vieux portail métallique toujours cadenassé, immense arbre jamais élagué.
Un jour, il y a de cela des années, quelqu’un est venu nous voir : un monsieur d’un certain âge qui s’était présenté en précisant qu’il occupait avec son épouse et plusieurs chats, la maison qui avait l’air abandonnée.
Il avait précisé qu’il était brocanteur, qu’il faisait le va et vient entre cette maison qui lui servait aussi de dépôt, et une habitation en Normandie je crois.
Dans la maison fermée, vivait une chatte qui n’avait jamais connu l’extérieur, pas même le jardin.
Il avait ajouté qu’elle venait de s’échapper et qu’elle devait avoir eu un tel choc en découvrant un monde qu’elle ne connaissait pas qu’elle s’était sans doute égarée quelque part.
Il voulait que nous l’autorisions à installer un piège[1] dans le jardin avec l’espoir de mettre ainsi la main sur la chatte perdue.
Peu de temps après, il était dans le jardin en train de faire le nécessaire.
À l’intérieur du piège, il avait mis un appétissant steak de viande hachée et un yaourt norvégien que nous ne connaissions pas et que nous n’avions donc jamais mangé.[2]
Une fois le piège installé, il nous avait remis son numéro de téléphone en nous demandant de l’appeler à n’importe quelle heure, en entendant les cris de la bête piégée.
Vers une heure du matin, des miaulements ont réveillé mon épouse qui s’est chargée de me réveiller, et « le brocanteur » n’a pas tardé à venir suite à notre appel.
Ce n’était pas la chatte, mais « le loubard », un chat du quartier qu’il connaissait bien, qu’il nourrissait souvent et qu’il appelait ainsi, affectueusement.
La chatte n’est jamais venue et nous n’avons jamais eu d’autres nouvelles la concernant.
« Le brocanteur » a récupéré son piège et n’est plus revenu.[3]
De temps à autre, nous apercevions une voiture devant la maison avec, parfois, des objets de brocante.
Et voilà qu’un jour, il y a plusieurs mois, la maison a été mise en vente par le cabinet d’un notaire.
Nous avons donc appris que « le brocanteur » avait quitté l’existence ici-bas pour rejoindre l’au-delà.
La maison a été vite vendue et les travaux ont commencé.
Qu’est devenue l’épouse ?
Qu’est devenu ce qu’il entassait ?
Que sont devenus les chats contre lesquels les habitants du quartier avaient fait circuler une pétition pour l’empêcher de s’en occuper ?[4]



BOUAZZA


[1] Une sorte de cage avec de la nourriture dedans.
Le mécanisme d’ouverture permet au chat, attiré par la nourriture, d’accéder à l’intérieur, mais sans pouvoir ressortir.
[2] Nous ne le connaissons toujours pas et nous ne l’avons donc toujours pas mangé.
[3] Dans la discussion, lorsqu’il était revenu reprendre son piège je crois, il aurait voulu m’offrir Alqoraane (Le Coran) qu’il avait dans son dépôt, dans une édition très ancienne et très chère avait-il précisé, mais savait par avance qu’il ne pourrait pas le retrouver dans tout ce qu’il avait entassé.
Je l’ai remercié en lui précisant que ce qui compte dans le Message d’Allaah à l’humanité, c’est le contenu et non la date d’édition ou la valeur commerciale.

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