Il s’appelait Lhoçayne.[1]
Sa vieille boutique était devenue
pour moi un espace recherché.
Je m’y rendais chaque fois que je
le pouvais.
Je le trouvais souvent au
travail.
Il était installé sur une sorte
de dossier un peu élevé par rapport au sol, un pied de fer sans âge, à portée
de la main.
En face, une petite table en bois
sur laquelle étaient posés un marteau, des clous, une vieille paire de ciseaux,
un couteau, une grosse aiguille à coudre, un poinçon.
Sur sa droite, un seau d’eau dans
lequel il plongeait par moments une chaussure, une babouche ou autre lorsqu’il
l’estimait nécessaire, pour adoucir le cuir, avant d’entamer la couture.
Il y plongeait aussi parfois le
vieux couteau, dont le manche était entouré de caoutchouc, pour l’aiguiser
ensuite sur une pierre posée au bord de la petite table.
Son vieux vélo était à
l’intérieur, appuyé contre le mur.
À
vélo, il avait fait des voyages dans différentes régions afin de voir certaines
personnes qu’il estimait aptes à lui apporter certaines informations.
Le sol était jonché de morceaux
de cuir de toutes dimensions et de mille et une autres choses. Je m’asseyais
dessus.
Des fois avec d’autres personnes.
Et nous l’écoutions.
Tout en travaillant, il parlait
de la foi, de la vie des Prophètes et des Messagers sur eux la bénédiction et
la paix, et d’autres événements.
Nous débattions de tout.
Parfois, il me donnait, ou à
d’autres, de vieux écrits à lire à haute voix pour qu’il en fasse le
commentaire et susciter nos réactions.
Cet homme pour qui j’ai toujours
eu un profond attachement et beaucoup d’affection, m’a aidé à me remplir.
Sa boutique, presque en ruine,
qui avait à peine deux mètres sur deux, et qui tenait je ne sais comment, a été
pour moi un vaste endroit lumineux, nourrissant, ouvert.
Ce cordonnier n’est plus de ce
monde.
BOUAZZA
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