mercredi 9 janvier 2013

ÉDUCATEUR



Il s’appelait Lhoçayne.[1]
Sa vieille boutique était devenue pour moi un espace recherché.
Je m’y rendais chaque fois que je le pouvais.
Je le trouvais souvent au travail.
Il était installé sur une sorte de dossier un peu élevé par rapport au sol, un pied de fer sans âge, à portée de la main.
En face, une petite table en bois sur laquelle étaient posés un marteau, des clous, une vieille paire de ciseaux, un couteau, une grosse aiguille à coudre, un poinçon.
Sur sa droite, un seau d’eau dans lequel il plongeait par moments une chaussure, une babouche ou autre lorsqu’il l’estimait nécessaire, pour adoucir le cuir, avant d’entamer la couture.
Il y plongeait aussi parfois le vieux couteau, dont le manche était entouré de caoutchouc, pour l’aiguiser ensuite sur une pierre posée au bord de la petite table.
Son vieux vélo était à l’intérieur, appuyé contre le mur.
À vélo, il avait fait des voyages dans différentes régions afin de voir certaines personnes qu’il estimait aptes à lui apporter certaines informations.
Le sol était jonché de morceaux de cuir de toutes dimensions et de mille et une autres choses. Je m’asseyais dessus.
Des fois avec d’autres personnes.
Et nous l’écoutions.
Tout en travaillant, il parlait de la foi, de la vie des Prophètes et des Messagers sur eux la bénédiction et la paix, et d’autres événements.
Nous débattions de tout.
Parfois, il me donnait, ou à d’autres, de vieux écrits à lire à haute voix pour qu’il en fasse le commentaire et susciter nos réactions.
Cet homme pour qui j’ai toujours eu un profond attachement et beaucoup d’affection, m’a aidé à me remplir.
Sa boutique, presque en ruine, qui avait à peine deux mètres sur deux, et qui tenait je ne sais comment, a été pour moi un vaste endroit lumineux, nourrissant, ouvert.
Ce cordonnier n’est plus de ce monde.
Sa vieille boutique, fermée pendant un certain temps après sa mort,[2] est tombée en ruine.[3]



BOUAZZA


[1] Alhoçayne, Hoçayne (Hoçaïne).
[2] J’ai eu l’information ici en France.
[3] Puis rasée.
Je reprends ce que j’ai déjà exposé.
Je le fais lorsque j’estime que c’est utile de le faire.
Voir :

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